Olivier Balazuc
Il a été lauréat du Prix du Jeune Ecrivain en 1997 et 1998 et en garde un souvenir ému et reconnaissant.
Aujourd’hui âgé de 38 ans, il est comédien, metteur en scène et écrivain. Nous l’avons rencontré à l’occasion de la représentation au Théâtre National de Toulouse de Roméo et Juliette mis en scène par Olivier Py, en mars 2011, dans lequel il tient les rôles du père de Juliette et de Pâris, le prétendant qu’il souhaite lui voir épouser.
Un artiste passionné.
Olivier Balazuc s'amuse de ses débuts « très chaotiques », en écriture comme au théâtre. Les deux pratiques s'associent pour lui dès le départ puisqu'il les entame en même temps, vers 14, 15 ans. Pendant très longtemps, il connaît « plus de "non" et de rendez-vous ratés que de choses faciles ! ». Le Prix du Jeune Ecrivain représente alors sa première publication, à l'âge de 22 ans. Il obtient le 6e prix en 1997, le 2e prix l'année suivante. « Mais on me l’a refusé deux ans aussi, c’est ça qui est rigolo ! » ajoute-t-il. « Après le Prix du Jeune Ecrivain il y a une sorte d’engouement, les éditeurs étaient intéressés mais ce que je leur proposais ne faisait pas le livre "premier roman". Donc la rencontre ne s’est pas faite là. Je me suis dit que j’allais attendre. » Il lui importe en effet de faire les choses avec les bonnes personnes – qu'il s'agisse d'un éditeur, d'un metteur en scène, d'une troupe. « Au fond quand on démarre ce qui est important c’est de rencontrer un éditeur, déjà. Quelqu'un qui vous fasse travailler. ça adoube aux yeux du monde, à ses propres yeux, ça fait qu’on a une première naissance. C’est déjà très important. Mais au bout d’un moment ça ne satisfait pas. L’idée n’est pas seulement de faire un livre, c’est de faire le bon livre, le livre qui vous fait avancer. »
De fait, Olivier Balazuc avance en naviguant entre comédie, écriture et mise en scène.
Diplômé du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique, il est engagé comme comédien par Olivier Py avec qui il entame une fructueuse collaboration. Il crée également des pièces, qu’il publie et met en scène. « Puis il y a eu un moment où un éditeur m’a demandé un roman et j’avais carte blanche pour le faire. C’est plutôt ce type de rendez-vous-là qui me réussit. » Le théâtre et le roman sont deux écritures fondamentalement différentes pour lui mais qui vont ensemble, en se compensant. « Le roman est un univers clos sur lui-même. » précise-t-il. L’écriture théâtrale en revanche, a besoin d’être incarnée par un acteur. La parole au théâtre est performative : « Au moment où je le nomme, le monde est là dans sa totalité : c’est extraordinaire, c’est phénoménal. » s’enthousiasme-t-il. A ses yeux, « le mauvais théâtre – il y en a – c’est le théâtre d’écrivain. Le théâtre d’écrivain est un théâtre à lire, c’est le théâtre dans un fauteuil. Ça va être une situation simple, un personnage et un autre : la situation est prétexte au dialogue. Ce n’est pas le dialogue qui accouche d’une action. Donc on n’est pas dans de la parole : on est dans de l’écrit. Il n’y a pas quelque chose qui aspire à l’incarnation : c’est un temps de lecture. »
Au fil de l’entretien, Olivier Balazuc se révèle très engagé. Il déteste l’idée que la littérature, le théâtre ou l’art soient perçus comme de petits havres au cœur de la vie, qui serait si dure. Il est ulcéré par « ces marchands qui sont là pour nous dire "c’est quand même beau la vie". Non, c’est pas "y a du beau malgré tout", non ! » A ses yeux, le genre dramatique fleurit partout car il nous rassure en étant à l’échelle de nos soucis. Mais « on n’a jamais autant besoin des paroles de poètes et de profs dans les collèges et les lycées que quand ça va mal ! C’est une urgence absolue ! Parce que c’est ça qui nous ouvre un destin, un espoir là où le politique a échoué ». Olivier Balazuc est convaincu qu'il faut redonner aux gens « le sentiment que les oeuvres de l'esprit les concernent ».